Université d’été de l'Économie de Demain : l’occasion de faire des propositions à dix mois de la présidentielle !
A l’occasion des journées de l’Université D’été de l'Économie de Demain du 26 et 27 Août dernier organisées par le Mouvement Impact France, Jean Moreau, co-président de cette organisation, a déclaré ne pas “ vouloir combattre l’ancien modèle (économique) mais, le démoder progressivement ”. Pour cette troisième édition, l’Université a rassemblé plus de 7000 dirigeants et entreprises ayant un objectif commun : celui de construire un modèle économique plus respectueux de l’homme et de l’environnement. Au programme, deux jours de partage pour inspirer, échanger, mais surtout, passer à l’économie de demain. Caroline Neyron, Directrice Générale du mouvement Impact France a souligné l’importance du manifeste mouvement impact France pour les présidentielles. Elle déclare que “la présidentielle 2022 doit donner la priorité à la transition écologique et sociale”.
La crise que nous traversons a été un révélateur de toutes les fissures de notre système et notamment de notre modèle économique actuel. En effet, celle-ci a agi comme un accélérateur de l'éveil des consciences et du passage à l'action pour tous. C'est même Emery Jacquillat, Président de la CAMIF, la Communauté des Entreprises à Mission qui l'a dit !
Une envie collective de faire bouger les lignes
Les Universités D’été de l'Économie de Demain sont nées à l'initiative de #NousSommesDemain, un collectif créé en août 2018 par le Mouvement Impact France (anciennement Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves).
Le collectif qui rassemble 80 organisations se positionnant comme des acteurs de la transition écologique et sociale a une ambition claire, dans un contexte marqué par la loi Pacte : “Accompagner l'émergence et la montée en puissance d'entreprises sociales et écologiques, et favoriser plus largement une réelle dynamique d'engagement de plus en plus d'entreprises qui prennent conscience de cette urgence sociale et climatique pour répondre aux besoins fondamentaux du plus grand nombre et préserver notre planète. »
Présentation de l’impact score : l’outil écologique de demain
Le Mouvement Impact France et le collectif #NousSommesDemain portent cet évènement qui rassemble 1500 participants par éditions en moyenne depuis 2019. L’année dernière, lors de la deuxième édition, alors en sortie de confinement, cet évènement était l’occasion de présenter l’impact score, le concept qui permet d’expliquer aux consommateurs “les efforts effectués sur la voie de la transformation écologique et sociale pour chaque entreprise, quels que soient sa taille et son secteur”. De ce fait, cet indice permet aux entreprises d’évaluer, selon 17 indicateurs, leur effort sur l'aspect écologique et social. Cela permettra au citoyen d’être éclairé sur les politiques écologiques mises en place au sein de chaque société économique. L’an dernier, il était aussi question d’indiquer quelles étaient les options de relance économique, tout en intégrant l'aspect social et environnemental. Cette année, c’est l’occasion de montrer tout ce qui a été fait en un an et de convaincre les derniers sceptiques d’une stratégie solide mise en place.
Prendre des décisions solidaires : une stratégie optimale
Et voici ce qui arrive quand une entreprise de l’Économie Sociale et Solidaire fait des choix alignés avec ses combats : Pascal Demurger, Directeur Général de La MAIF, société d’assurance mutuelle française, nous raconte que pendant le premier confinement 2020, ils ont fait le choix stratégique de redistribuer les primes d’assurance automobiles correspondants aux deux mois de confinement. Ce choix a été fait pour participer à l’entraide présente en France afin de ne pas alourdir le budget de leurs sociétaires. Ce qui a produit un effet surprenant : plus de 70 000 sociétaires en plus et plus de 200 000 contrats vendus au second semestre 2020, c'est-à-dire le double et presque le triple de leurs résultats habituels. Des chiffres jamais atteints auparavant.
Les organisations de l’économie sociale et solidaire ont bien intégré les choix à faire pour matérialiser cette envie de faire bouger les lignes et on en voit déjà les bénéfices, mais qu’en est-il des entreprises ?
Selon Pierrick De Ronne, président de Biocoop, estime que l’entreprise doit “participer activement à la société” mais doit surtout “en être acteur des changements”. Ce qui résume très bien le mot d’ordre de cette troisième édition.

Cap sur la diversité et sur l’engagement au sein des entreprises
La diversité était l’un des thèmes primordiaux de l’événement. En effet, de nombreuses entreprises ont souligné le fait qu’il était impératif de repenser la diversité sur le lieu de travail. Cette diversité apporte en complémentarité de point de vue et de manières de faire. Et les entreprises qui embarquent cette diversité se sont rendu compte qu’elles sont plus performantes et plus rentables. Lors de son intervention, Laetitia Helouet, Présidente de l’association Club 21ème siècle a énoncé le cas de la Goldman Sachs : Elle nous explique que la prestigieuse banque siégeant à Manhattan, a décidé en juillet 2020, d’arrêter de collaborer avec les entreprises qui n’instauraient aucune diversité dans leur équipe. La raison est marquante puisqu'ils se sont rendu compte que sur 4 ans, lorsqu’il y avait une large diversité d’origine dans le comité de direction, la valeur de l’action augmentait de 44%. En revanche, lorsqu’il n’y avait aucun membre de la diversité, la valeur de l’action augmentait de 13% seulement.
La responsabilité Sociétal des Entreprises : un appui majeur des changements en entreprise
Maintenant, regardons du côté de la Responsabilité Sociétal des Entreprises (RSE), qui est un des piliers des changements sociaux et environnementaux en entreprise. Laure Mandaron, Directrice développement durable du Groupe La Poste, qui est devenu officiellement entreprise à mission le 8 juin 2021, estime que les managers doivent chercher une cohérence entre le terrain et les décisions prises au niveau stratégiques. Le but est de donner envie d’agir aux opérationnels car ce sont eux qui implémentent les décisions. C'est pour cette raison que La poste cherche à embarquer ces personnes dans leur démarche. Laure Mandaron nous confie aussi que la RSE s’est aussi bien intégrée au sein de l'entreprise car aujourd'hui, dans les appels à projet, les critères de RSE représentent “50% de la dotation sur les appels de projet”. Il n’est pas toujours évident de mettre en place une démarche à 100% RSE car c’est un domaine qui touche tous les aspects de l’entreprise, mais celle-ci est de plus en plus présente.
La crise sanitaire : un accélérateur de stratégie
De son côté, Solenn Douard, CEO de Triballat-Noyal l’entreprise familiale française de l'industrie agroalimentaire, nous livre son expérience depuis le début de son mandat :
A un mois de sa prise de poste, elle a dû faire face à une baisse des chiffres conséquente, puis la crise est venue changer radicalement les règles. Ce qui était un plan d’urgence pour y faire face, s’est transformé en plan stratégie et performance. Selon elle, ça a été l’opportunité de mettre en œuvre une stratégie qui met l’humain au cœur de la création de valeur dans l’entreprise. Pour y arriver, il lui a fallu réaliser un énorme travail sur elle pour créer une relation de confiance et surtout insuffler une démarche de transparence dans l’entreprise, mais aujourd’hui elle se rend compte à quel point cette démarche de confiance et de sécurité, est la clef majeure pour faire tourner une entreprise performante et engagée.
Ses mots d’ordre : créer les conditions, accompagner, soutenir, droit à l’erreur.
Enfin, et cette conclusion résume très bien ce paragraphe : Geoffroy Roux de Bézieux, Président du MEDEF dont les Université d’Été (renommées Rencontres des Entrepreneurs de France) se déroulaient au même moment que les Université d’Été de l'Économie de Demain, c’est à dire les 25 et 26 août 2021, était présent lui aussi aux UEED et a mentionné le besoin de sobriété. Emeric Oudin, Président du Centre des Jeunes Dirigeants se moque : “quand on arrive à faire parler de sobriété au patron du MEDEF, c’est que les choses avancent”. Et nous sommes bien d’accord.

Des directives strictes sur le plan européen
Alors que le plan de relance prévoit d’injecter 30 milliards d’euros dans la transition écologique, il appartient aux entreprises de jouer la carte de la transparence quant à leur volonté de transformer leur politique environnementale. D’ailleurs, Olivia Grégoire, Secrétaire d'Etat chargée de l'Economie sociale, solidaire et responsable pour le gouvernement, souhaite présenter ce projet au plan européen et désire inclure l’impact score sur le site Internet “impact.gouv.fr”, le service qui permet aux entreprises de publier et mesurer les données Environnementales, Sociales et de bonne Gouvernance. Elle a aussi mentionné la mise en place de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) au niveau européen dès l'année prochaine pour toutes les entreprises de plus de 250 salariés afin de les obliger à publier leur bilan de performance extra financière.
Les engagements du gouvernement: une prise de conscience nationale
Au-delà de l’engagement financier que l’Etat français a implanté dans la transition écologique, le gouvernement s’est engagé à mettre en place des mesures strictes dans la cause environnementale. La Secrétaire d'Etat chargée de l'Economie sociale affirme qu' “en France, on est les seuls à avoir autant d'exigence sur la partie écologique”. En effet, selon l’article 15 de la loi “Climat et résilience” déclare que “100 % des appels d’offres publiques doivent inclure une clause environnementale”.
La responsabilité de l’Etat ne s’arrête pas seulement à la crise environnementale, l’Etat s’est également concentré sur la cause sociale. “La sortie de crise sanitaire et écologique ne peut être que collective” nous affirme Olivia Grégoire. C’est pourquoi Thibault Guilluy, Haut commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises, affirme que “L’État a une responsabilité pour poser des règles du jeu sur l’incitation et l’obligation. Il a aussi un rôle de facilitateur pour que les entreprises s’engagent”. Pour répondre à ces besoins, le gouvernement a donc mis en place le plan d’accompagnement “1 jeune / 1 solution” pour faciliter les plus jeunes à entrer dans la vie professionnelle.
L’utopie devient réelle
Pour conclure, nous avons retenu que les journées de L’Université D’été de l'Économie de Demain ont été plus qu’un événement ponctuel. Pour beaucoup, cet événement a été un élan d’inspiration, et ce qui n’était qu’une douce utopie autrefois est devenu réalité aujourd’hui. Ces deux jours nous ont fait prendre conscience qu’un nombre important d'entreprises s’engage quotidiennement pour faire bouger les lignes.
Nous avions fortement été inspiré par les propos de Jean Moreau, fondateur de Phénix qui affirmait que « On porte tous, chacun avec notre sensibilité, le même combat, c’est à dire faire émerger et faire devenir dominant un nouveau rôle de l’entreprise qui préserve le capital social et humain, et qui est une alternative au modèle traditionnel ». Parce que chez Komunii, on croit qu’ensemble nous pouvons faire de cette utopie une réalité. Notre engagement dans l'Économie sociale et solidaire part d’un combat précis : celui de faire de la diversité une force et de l’esprit d’équipe un atout.
